Prière

 

Gravure sur bois de l’Archange Saint-Michel par Tamara Pérèz Llàcer, étudiante du Foyer Michaël en 2018.

« Pour quoi serions-nous encore prêts à mourir ? » Tel est le titre d’un livre d’Alexandra Laignel-Lavastine publié en mars 2017. C’est une question qui ne laisse pas tranquille : qu’est-ce qui dirige ma vie? Ma vie a-t-elle un sens? Est-elle réellement adonnée à quelque chose? Je peux toujours me leurrer quand tout va bien. Mais c’est seulement lorsqu’il y a danger de mort que je peux mesurer le « pour quoi » de ma vie. Nos sociétés occidentales sont vautrées dans la consommation, les loisirs et le confort matériel. Et derrière, il y a comme un grand vide : un abîme existentiel. Pourtant tout être humain a besoin de « brûler » pour quelque chose. Sans quoi c’est l’humain qui s’éteint dans les hommes. Si l’individu ne parvient pas à se donner lui-même une véritable direction, un sens supérieur pour lequel il peut se dépasser, cela conduit tout autant à une sorte de ramollissement « dépressif » qu’à la violence explosive et à toutes les formes de totalitarisme. « Chers djihadistes, l’occident s’achève en bermuda (…) Craignez le courroux de l’homme en bermuda. » nous dit ironiquement Philippe Muray…

C’est en parcourant les premières pages du livre d’Alexandra Laignel-Lavastine, que je suis tombé sur cette prière, retrouvée en 1938, dans la poche d’André Zirnheld, un parachutiste décédé dans le désert de Cyrénaïque, en Lybie, alors qu’il était en mission pour la France libre. Cette prière a des accents michaëliques. L’archange Saint-Michel est d’ailleurs le patron des parachutistes. On peut imaginer l’immense courage de celui qui, bravant la mort, doit se jeter dans le vide, parfois en plein milieu du champ de bataille, sans savoir exactement sur quoi et sur qui il va tomber. Certains soldats évoquent volontiers un passage de l’Apocalypse : « Il se fit un silence dans le ciel lorsque l’archange Michel combattait le dragon ». Ce silence marque encore les soldats dès l’ouverture de leur parachute…

Lucien Defèche

“ Je m’adresse à vous, mon Dieu

Car vous donnez ce qu’on ne peut obtenir que de soi.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,

Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos, ni la tranquillité,

Ni celle de l’âme, ni celle du corps.

Je ne vous demande pas la richesse,

Ni le succès, ni même la santé.

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement,

Que vous ne devez plus en avoir !

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,

Donnez-moi, ce que l’on vous refuse.

Je veux l’insécurité et l’inquiétude

Je veux la tourmente et la bagarre,

Et que vous me les donniez, mon Dieu,

Définitivement.

Que je sois sûr de les avoir toujours

Car je n’aurai pas toujours le courage

De vous les demander.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,

Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas,

Mais donnez-moi aussi le courage,

Et la force et la foi.

Car vous êtes seul à donner

Ce qu’on ne peut obtenir que de soi. “

Cette prière nous a touchés. Nous y entendons un véritable appel au réveil et au courage intérieur. Le courage de ne pas fuir, d’affronter nos épreuves, et de vivre pleinement nos vies, avec toutes les inquiétudes et confrontations que cela comporte. Nous voulions donc la partager avec vous en ce début d’année 2020.

Lucien Defèche et James della Negra

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